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Découvrir la filière de la laine

Terroir

18 janvier 2022

Lorsque nous arrivons chez Héloïse Levieux, devant une ancienne longère au coeur des Landes de Lanvaux, la créatrice d’objets textiles nous invite au préalable à traverser la route… Parce que c’est chez Nicolas Poupinel que tout a commencé… Vous nous suivez ?

Éleveur de moutons, tondeur, laveur de laine, cardeur et expert lainier, Nicolas Poupinel habite entouré d’amoncellements de laine au milieu desquels trottent et broutent encore quelques moutons ! Les troupeaux de Nicolas paissent sur l’île de Gavrinis, une île du Golfe du
Morbihan célèbre pour son cairn néolithique richement orné ! Mais c’est ici, à Colpo, qu’il conçoit son matériel de transformation de laine et qu’il mène des travaux expérimentaux notamment sur le lavage de la laine.

« Il y a quatre ans, quand on est arrivé à Colpo, j’ai fait ma curieuse en allant rendre visite à Nicolas et j’ai découvert le feutre de laine. J’ai toujours été très sensible aux matières, qu’elles soient nobles ou naturelles. Mais c’est vrai que le feutre, je ne connaissais pas », se souvient
Héloïse Levieux. « J’ai donc demandé à Nicolas de me donner un morceau de laine que j’ai posé sur un pouf parce que c’est un peu mon objet fétiche. C’est en général par là que tout commence ». Le résultat emballe la créatrice. Un enthousiasme communicatif puisqu’Antoine, le mari d’Héloïse, couvreur de son état sur des monuments historiques, décide de se former au métier de feutrier au côté de Nicolas.
D’un métier d’art à l’autre, Antoine explore, apprend et cherche à maîtriser toute la filière qui précède la fabrication du feutre.

Des secrets de fabrication bien gardés

Quand les toisons des moutons arrivent, la laine est triée puis lavée avant d’être cardée pour démêler et débarrasser les fibres des impuretés. La laine vierge passe par une drôle de machine à plusieurs rouleaux, bruyante à souhait mais sacrément efficace pour obtenir d’épaisses nappes de laine. « Le cardage nous permet ensuite soit de filer, soit de feutrer la laine », nous explique Enora, actuellement en formation chez Nicolas. Cette ancienne employée à la SNCF a quitté la compagnie des chemins de fer pour étudier la filière laine : « C’est une filière un peu endormie. Ici avec Nicolas, c’est l’intelligence de la main qui permet de faire revivre la route de la laine ». Chez le berger, Antoine et Enora ont appris à feutrer la laine d’après une méthode népalaise à l’eau de pluie, au savon bio en suivant quelques secrets de fabrication bien gardés…

Des objets textiles façonnés sur les rives du Golfe

De retour dans l’atelier d’Héloïse, la créatrice déroule les grandes nappes de feutre sur sa table de confection : « j’utilise le feutre comme un textile, comme si j’utilisais un rouleau de lin ou de coton. J’y découpe mes morceaux. Je fais mes plans de coupe et je crée des objets. » Avec les plus grands morceaux, Héloïse fait des coussins, des couvertures, des poufs évidemment, « et quand j’ai des chutes, j’essaye de les optimiser en confectionnant par exemple des semelles ou des abat-jours », complète Héloïse. La collection s’appelle Gavrinis, un clin d’œil aux terres où pâturent les moutons de Nicolas. Et puis, sa laine ne suffisant plus, « on a alors contacté d’autres éleveurs, dont Denis Rouillé, sur la Presqu’île de Rhuys, qui est également devenu notre fournisseur de laine. » (lire son portrait page 59 du Mag Hiver) Héloïse peut s’enticher de confectionner du 100 % made in Golfe du Morbihan, des objets durables, écoresponsables et en circuit ultra court évidemment…

« On a l’exigence d’objets bien finis, durables. On est fiers de pouvoir proposer une collection qui a nos valeurs, qui nous ressemble. On essaie de faire vraiment le plus simple et le plus sobre possible pour que cela puisse se marier dans tous les intérieurs et plaire aux femmes et aux hommes. C’est un petit peu la genèse de la marque HL ».